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LES CLAVIERS DU VOYAGE : Catherine Roy, accordéoniste et pianiste
Rubrique : Musiques vivantes | Date : 19 Février 2020 | Commentaires |

"Paris-Pékin, chemins de soie" : notre nouveau projet en duo avec Catherine Roy réunit sur scène trois instruments - accordéon, piano et guzheng - pour des associations sonores hors normes. Des chemins tissés entre l'Orient et l'Occident, vers l'autre et vers soi, à l'image de notre commune recherche de l'espace intérieur, et de nos parcours qui se répondent comme en miroir. Pour voir Catherine et l'entendre, nous vous invitons à cliquer ICI.


Viviane BRUNEAU-SHEN : Catherine, les lecteurs de ce blog te connaissent déjà comme enseignante de Qi Gong, car ensemble, nous avons mis au point le stage « Du Souffle au Son ». Mais peu d’entre eux savent que derrière l’enseignante en arts martiaux internes, il y a une merveilleuse musicienne ! Comment vis-tu l’unité entre ces différents aspects de toi-même : la thérapeute et l’artiste ?


Catherine ROY : Je vis le piano, l’accordéon et les arts énergétiques tels le Qi Gong comme un prolongement, une résonance, une continuité où chaque élément nourrit les autres. Pendant mes longues années d’apprentissage, ces deux domaines m’offraient deux chemins d’abord séparés. Puis ils se sont fondus l’un dans l’autre. Musique et énergétique sont devenues au même titre, expression, voie, ouverture. 

VBS : Parle-nous un peu de ton parcours musical... Comment le piano est-il arrivé dans ta vie ? 

CR : J’ai commencé le piano à l’âge de 5 ans au conservatoire de Nancy et j’ai suivi ce parcours jusqu’à 15 ans. Il me manquait le sens de la musique, l’espace… en fait la musique, tout simplement ! Je l’ai pressentie ensuite auprès d’un vieux monsieur qui m’a donné des cours pendant plusieurs années, M. Pol Ettel qui m’a beaucoup apporté dans la musicalité. J’ai eu, avec le piano longtemps la sensation d’avoir un coffre fort plein de bijoux et pas la clé. Je l’ai cherchée très longtemps. 

VBS : Et l’accordéon ? 

CR : L’accordéon est arrivé vers 22 ans, je faisais partie d’une compagnie de spectacle de rue et nous étions en tournée en Tchécoslovaquie. Quand j’ai vu la joie que cet instrument me donnait et l’évidence du partage, je l’ai épousé d’emblée. J’y trouvais exactement tout ce qui m’avait manqué dans l’apprentissage du piano et surtout le corps. Le corps qui danse, qui fait danser, qui exulte. La musique orale qui jaillit de l’écoute. Porter cet instrument contre son coeur, c’est déjà sentir que ça respire, là. Qu’on est vivant, tout entier. 

VBS : Quels sont les répertoires que tu affectionnes, sur chacun des deux instruments ? 

CR : Les musiques des Balkans et le répertoire klezmer (tradition juive ashkenaze) m’ont parlé en premier. Les musiques traditionnelles m’ont permis de retrouver la danse, le corps en mouvement, mais j’aime aussi toute musique. Et chercher à l’orée des frontières, des catégories… toute musique peut être vivante. 

VBS : Revenons maintenant à notre « Paris-Pékin »... Tu as depuis toujours, un lien profond avec la Chine. Peux-tu nous parler de ta relation avec cette culture ? Que vient-elle révéler en toi ? Que véhicule-t-elle pour toi ?


CR : Depuis mon adolescence, j’ai le coeur qui regarde du côté du levant. Comme si un secret m’y attendait. L’espace intérieur, ou même l’Espace simplement qui n’est ni intérieur, ni extérieur, est une notion importante dans la culture chinoise. A travers les arts énergétiques chinois, nous faisons l’expérience que l’espace est porté par le souffle. Qu’il n’y a rien en dehors de cela et que cela fait émerger toute forme. Sans le savoir mais en le pressentant, je cherchais cet espace. Je ne trouvais pas de réponses dans le monde occidental au sens profond, pas de résonance à l’élan qui m’habitait. C’est en rencontrant la culture chinoise à travers Kar Fung Wu que j’ai trouvé un écho à cet appel.

Cette notion d’espace et de souffle donne toute la saveur de la musique. Elle devient alors porteuse du mystère, de la résonance entre les coeurs, de la vie. La musique sans le souffle n’est qu’une écorce vide. "Paris-Pékin", c’est la joie de cheminer avec une soeur de coeur sur cette route de la soie.

En composant ce répertoire, nous réalisons combien les compositeurs occidentaux sont emprunts d’une fascination pour cet ailleurs. 

VBS : Que souhaites-tu transmettre à travers ta musique ? 

CR : LA joie, le frémissement. 

VBS : Où peut-on te trouver, être informé de tes activités ? Quels sont les partenaires avec qui tu te produis régulièrement ? 

CR : Je joue à l’accordéon en duo avec Christian Fromentin au violon, "Martenitsa" : un répertoire au fil du Danube. Je participe aussi à des projets de création comme "Jardins d’enfance" , un duo piano et lumière avec Véronique Gougat.

Les activités que je propose, surtout tournées vers l’enseignement du Qi Gong et le lien entre la musique et les arts énergétiques sont visibles sur le site https://energetiqueetmusique.com/ 

VBS : Quels sont tes projets ? Et ton rêve le plus fou... pour toi, et pour le monde ?


CR : Je n’ai pas d’autre projet qu’être en vie, explorer ce que la vie offre…

Un rêve... Ouiiii !!! Jouer de la musique de chambre, participer à un quatuor, jouer de la belle musique au milieu des instruments à cordes.

Pour le monde ? Je n'arrive pas à rêver autre chose que ce qui est déjà : qu'il continue de vibrer dans sa majestueuse symphonie, une création empreinte du Mystère et de ses mille reflets.



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